Le 8 septembre prochain, Philippe Mast et Julie Mackay vous expliqueront comment accélérer le tempo afin de favoriser l’innovation dans le cadre du Congrès 2016 international francophone des ressources humaines.
Mais en attendant la conférence, voici une entrevue de François Joly avec Philippe Mast, publié sur le site de l’Ordre, et qui introduit les sujets traités lors de la conférence de septembre prochain.
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Passer d’un orchestre symphonique à un ensemble de jazz pour favoriser l’innovation
Par François Joly – Le 28 juin 2016
L’avenir appartient à ceux qui savent s’adapter le plus rapidement. Pour le cofondateur du cabinet CORTO.REV, Philippe Mast, CRHA, le mode traditionnel d’organisation des entreprises a vécu et doit graduellement laisser la place à de nouvelles formules plus flexibles. Le chef d’orchestre doit descendre de son piédestal s’il veut que ses musiciens puissent innover au rythme qu’exige l’économie d’aujourd’hui.
La réflexion de Philippe Mast a véritablement pris forme après la crise financière de 2008. « Nous sommes dans une économie de chocs, explique-t-il. On ne peut jamais prévoir les 6 prochains mois, mais il faut être capable de réagir rapidement ». À ce besoin de flexibilité s’est ajouté celui de mettre le client au cœur du développement de produit. Celui-ci doit être consulté à chaque étape afin de s’assurer que le résultat correspondra à ses attentes. « Pour être compétitif, il faut qu’on soit proche de nos clients, qu’on dépasse leurs attentes, qu’on soit en avant de la parade pour leurs besoins et qu’on soit rapide à livrer la marchandise », ajoute t il.
De ces deux prémisses découle le choix des méthodes dites « agiles ». Le terme a été popularisé par l’Agile Manifesto, publié en 2001 par des experts du développement logiciel. Aujourd’hui, les méthodes agiles sont utilisées dans une grande variété de domaines et regroupent plusieurs formes de structures organisationnelles. Elles ont cependant toutes en commun l’organisation par projet conçue pour encourager l’innovation et la créativité.
Les employés sont regroupés dans des équipes autonomes ou semi-autonomes. C’est ce que Philippe Mast appelle passer d’un orchestre symphonique à un petit ensemble de jazz. Chaque équipe a un projet à réaliser. Ces équipes sont pluridisciplinaires et cherchent à tirer le meilleur des compétences de chacun. « Imaginons une entreprise qui voudrait monter une opération en Chine. En mode agile, elle mettrait sur pied une équipe avec par exemple un recruteur, une généraliste des ressources humaines qui connaît la Chine et une personne du service juridique », cite-t-il en exemple. La gestion des ressources humaines est d’ailleurs un domaine qui se prête bien aux méthodes agiles.
Certains employés seront des leaders de projet à un moment, mais pourront être de simples contributeurs dans une autre équipe ou changer de rôle de semaine en semaine. La même logique peut s’appliquer aux dirigeants de l’entreprise. Un vice-président chargé des finances ou des ressources humaines ne devrait pas concevoir seul ses priorités et ses objectifs. Il devrait en tout temps s’entourer de ses collèges des autres services en tenant compte de leurs besoins et de leurs objectifs respectifs.
Les changements ne peuvent pas non plus se résumer à réorganiser physiquement les espaces de travail. Même si les bureaux ouverts ont la cote, le fait d’abattre les murs des cubicules est loin d’être suffisant pour que le génie émerge. Il faut pour cela travailler à la fois sur la culture de l’entreprise, son organisation et l’attitude de ses dirigeants. La gestion des ressources humaines ne sera pas non plus la même. « Il faut recruter des gens capables de fonctionner en mode agile, c’est-à-dire qui sont toujours en mode collaboratif et qui n’ont pas peur de demander de l’aide », précise Philippe Mast.